Le harcèlement touche 700.000 enfants et adolescents en France.

| 25 mars 2018 | 0 Commentaire

Qu’entend-on exactement par « harcèlement » ?

Le harcèlement peut prendre une forme verbale (insultes, rumeurs…), physique (coups…) ou sociale (cyberharcèlement). Ces actes sont répétés, durables, et souvent insidieux. Ils ont généralement lieu à l’abri des regards, dans les toilettes, les couloirs, le bus… Il existe un rapport de force dans le harcèlement. L’un est clairement dominé par l’autre ; on n’est pas dans une « simple » querelle d’enfants.

Le harcèlement entre élèves peut se poursuivre sur Internet…

Oui, le cyberharcèlement fait beaucoup de dégâts. Il n’y a plus d’espace de liberté. L’enfant est poursuivi à l’école et quand il rentre chez lui ça continue via les réseaux sociaux, la diffusion de photos ou de rumeurs sur le smartphone… C’est un envahissement psychique. Le harcèlement a toujours existé mais il se répand encore plus vite et dans une autre dimension avec les nouvelles technologies.

Quels sont les signes qui doivent alerter ?

L’enfant harcelé est souvent renfermé sur lui-même, voûté, les yeux baissés.  Il est isolé dans la cour. Il oublie ses affaires, rate son bus, alors qu’il ne le faisait pas avant. Ses résultats scolaires baissent. Il est davantage absent à l’école. Il est à fleur de peau. Il est fatigué car en état de vigilance permanent. Son sommeil est également perturbé. Il n’a plus les mêmes copains, s’habille de manière plus discrète. Parfois, il demande plus d’argent s’il est racketté… Tout changement de comportement important et durable doit alerter les adultes et les inciter à dialoguer avec l’enfant.

Quelles sont les répercussions du harcèlement sur l’enfant ?

Il peut ressentir un syndrome post-traumatique, développer une anxiété majeure, une phobie sociale, des tics ou des TOC. Ses résultats scolaires chutent souvent. D’ailleurs, 25% des cas d’absentéisme auraient commencé à cause du harcèlement pour éviter les agresseurs. A plus long terme, ces enfants ont souvent moins de diplômes et un salaire inférieur à la moyenne. Enfin, cela peut conduire à la dépression voire au suicide. Mais il y a des répercussions pour chacun des protagonistes du harcèlement.

C’est-à-dire ?

Dans 80% des cas, il y a des témoins. Le fait qu’ils n’interviennent pas va créer chez eux un sentiment de culpabilité et une baisse de l’estime de soi. Quant aux auteurs, le harcèlement peut les amener à la délinquance, à des conduites dangereuses, à des troubles de l’addiction… Toutefois, cette spirale n’est pas inéluctable : ce sont des enfants en développement, qui agissent ainsi parce qu’ils sont en souffrance. Ils ont eux aussi besoin d’être aidés et accompagnés.

D’après un rapport de l’ONU, seulement 10% des élèves harcelés en parlent à leur enseignant. Comment les encourager à se confier ?

Il y a aussi 30% des enfants qui ne disent à personne qu’ils sont harcelés à l’école, par crainte des représailles, de décevoir leurs parents ou par peur que ceux-ci n’interviennent trop brutalement. Il faut rassurer l’enfant sur le fait qu’on va l’aider à trouver ses propres solutions. Et puis, il y a des phrases à éviter. « Ce n’est pas grave » par exemple : pour lui, c’est tout son monde qui s’écroule. De la même manière, inutile de l’inciter à se défendre. S’il avait pu, il l’aurait fait. On ne peut pas non plus lui dire d’ignorer ses camarades. Il est très désemparé d’être rejeté. Enfin, il ne faut pas lui reprocher de ne pas en avoir parlé plus tôt mais le féliciter d’avoir trouvé le courage de le faire. Toutes ces réflexions l’isoleraient davantage. L’idéal est de poser beaucoup de questions très précises pour connaître les faits exacts et son ressenti puis de lui demander ce qu’il voudrait qu’on fasse, comment il aimerait qu’on l’aide.

Comment aider l’enfant à sortir du statut de victime ?

Il importe de lui laisser une part d’action. On fait le point sur ce qu’il a tenté de faire face à ce harcèlement (explications, pleurs, fuite…) et qui n’a pas fonctionné. Puis, on l’amène  à trouver une solution à l’opposé: c’est la méthode du 180° développée par Marie Quartier dans son livre : « Harcèlement à l’école. Lui apprendre à se défendre ». Un enfant dyslexique peut, par exemple, expliquer en classe de quoi il souffre. Il apprend ainsi quelque chose aux autres et se montre plus savant qu’eux.

Que peut faire l’enseignant s’il ne se sent pas suffisamment compétent ?

Quand la situation est avérée, il est souvent difficile de savoir qui est auteur ou victime. Les enseignants ne sont pas tous formés à gérer ces situations. Il vaut mieux alors déléguer aux personnes ressources : RASED,  psychologue de l’Education nationale, médecin scolaire…
Mais ce qui est du ressort de chaque enseignant c’est la prévention, qui passe par l’instauration d’un climat de classe serein. L’enseignant peut encourager des débats ou actions favorisant l’acceptation de la différence et la capacité d’empathie. La classe peut réfléchir à des règles de vie qui amélioreraient l’ambiance et l’apprentissage plutôt que d’interdire ce qui nuit.

Quelle attitude adopter avec l’enfant qui harcèle ?

Il agit souvent par manque d’empathie. Plus il s’habitue à harceler, moins il est capable d’empathie. Il y a une accoutumance au plaisir de faire souffrir et de dominer, à l’admiration qu’il suscite chez les autres. Ca l’aide à exister. Il est important de le sanctionner pour que la victime soit reconnue et qu’il ne se sente pas autorisé à recommencer. Mais la sanction doit l’amener à réfléchir sur son comportement et à modifier son attitude. J’explique comment dans le livre. Le harcèlement est un fait grave qui a des conséquences à court, moyen et long terme. La communauté éducative se doit d’agir pour que chaque enfant puisse apprendre sans peur.

 

 

 

Catégorie: Activités Nationales

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