Saint-Ouen-l’Aumône – Taverny : des lycéens exclus définitivement après les manifs
Le 7 avril dernier, les rassemblements contre la loi Travail avaient dégénéré devant deux lycées de Taverny et Saint-Ouen-l’Aumône. Trois jeunes avaient été placés en garde à vue. Deux mois plus tard, la FCPE 95 (Fédération des conseils de parents d’élèves) organisait ce vendredi une manifestation devant l’établissement Edmond-Rostand de Saint-Ouen-l’Aumône.
Elle entendait ainsi protester contre la tenue de dix-sept conseils de discipline pour d’élèves accusés par la direction d’actes de violence. « Nous condamnons le fait de laisser notre jeunesse dans la rue à dix jours du bac», s’alarme la FCPE95.
Ce 7 avril, environ 250 jeunes avaient manifesté contre la Loi El-Khomri. Après avoir bloqué l’accès de l’établissement, certains jeunes n’avaient pas hésité à jeter des projectiles sur les forces de l’ordre qui s’étaient rendues sur place. Ces dernières avaient répliqué par des jets de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants. D’autres incidents étaient alors survenus dans les rues adjacentes et quelques feux de poubelles avaient été allumés.
Ce mercredi, cinq exclusions définitives et deux exclusions temporaires assorties de sursis ont été prononcées. D’autres sanctions sont tombées ce vendredi. « Je suis accusé de jets de pierres, d’insultes envers le personnel scolaire et d’avoir brûlé des poubelles, alors que je n’ai rien fait », affirme un lycéen à la sortie de son conseil de discipline. En terminale Vente, il vient d’apprendre son exclusion définitive. « La FCPE est solidaire des élèves et des familles », lance Bruno Brisebarre, président de la FCPE Val-d’Oise.
La Fédération Syndicale Unitaire (FSU) pointe de son côté le déroulement de la procédure. « Après les interpellations, la justice n’a soit pas donné suite, soit pas encore rendu son jugement. La décision de l’école intervient donc avant celle de la justice », explique Dominique Odout, de la FSU. Ce dernier ne légitime cependant pas les actes. « S’il y a eu des violences envers l’établissement ou les enseignants et surveillants, alors il doit y avoir des sanctions. »
Même sentiment parmi les familles et élèves concernés. « J’ai été arrêté par la police le jour de la manifestation, mais aucune charge n’a été retenue contre moi. Les policiers ont visionné les caméras de surveillance du lycée et des alentours, et ils n’avaient rien à me reprocher », raconte un élève lui aussi exclu définitivement.
L’inspection académique rappelle qu’« il n’y a pas de lien entre la justice et l’école ». « Ce sont deux jugements indépendants. La justice ne va pas forcément retenir certains actes et certains faits qui peuvent être sanctionnés par l’école. » Et de rappeler que « des dégradations, des jets d’extincteur et des actes de violence ont bien été commis ». « Le conseil de discipline est aussi l’occasion pour l’élève de pouvoir se défendre », assure l’inspection, promettant que tous les jeunes pourront passer comme prévu le baccalauréat. « Le nécessaire a également été fait pour que les élèves exclus puissent être rescolarisés. »
Tous les exclus ont annoncé leur intention de faire appel auprès du Rectorat. « Nous écrirons à la ministre », prévient la FCPE.
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Catégorie: Activités du CDPE