« Si l’on ne trouve plus d’enseignants en France, c’est que le métier est difficile » Mars 2016

| 26 mars 2016 | 0 Commentaire

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Si l’on ne trouve plus d’enseignants en France, c’est que le métier est difficile ». C’est le ministre de l’éducation lui-même, Vincent Peillon qui le dit en février 2013 et qui évoque là sans ambigüité la crise des vocations que connaît l’enseignement.

Dans les écoles primaires de l’ensemble du territoire du Val d’ Oise, les enfants sont parfois privés d’enseignants pendant plusieurs semaines, y compris dans les classes où se jouent les apprentissages fondamentaux. Dans le second degré, ce sont des centaines d’heures non effectuées par jour.

Le malaise est profond, partout, à l’école primaire où nous appelons à un nouveau rassemblement devant le ministère, mais aussi dans les collèges, dans les lycées… Logiquement, en raison du chômage qui s’accroît, ce métier qui présente tant d’avantages devrait intéresser plus de jeunes : vacances, nombre d’heures de cours que l’on dit limité, en oubliant tout le travail en amont, en omettant toutes les préparations, les corrections de devoirs, les contacts plus ou moins faciles avec l’ ensemble des acteurs ..

Certains professeurs sont débordés de travail à tel point qu’ils ont des difficultés à assumer toutes les tâches que l’on exige d’eux… Certains découragés envisagent d’abandonner ce métier sur lequel pleuvent toutes sortes de critiques…

Il faut imaginer une salle de classe remplie de 36 élèves en lycée : la salle est pleine à craquer, impossible d’isoler des élèves inattentifs ou qui posent problème… difficile de canaliser l’attention de plus en plus dispersée de certains adolescents…

Mais où sont les formations que nous demandons depuis plusieurs années.

Trois demi-journées accordées à certains pour la réforme du collège et des programmes ! De qui se moque-t-on ?

Vers quel gouffre se dirige l’enseignement ? Vers quelles dérives ? Assez de réformes hasardeuses, assez de contraintes qui pèsent de plus en plus sur les enseignants ! Ou est passée l’école pour tous dans tout ça ?

Alors, il est temps de redonner du lustre à ce métier, d’en alléger les charges, d’en comprendre toutes les difficultés et les contraintes…Sinon, nous n’aurons plus aucun moyen d’avoir une école qui donnera l’envie d’apprendre et de donner confiance à nos enfants .N’oublions jamais que l’école est la base de notre République.

Nous pourrions nous appuyer sur l’éducation populaire qui, elle, serait en mesure de justement initier une seconde naissance face aux politiques publiques. La FCPE95 rappelle que nous venons de l’éducation Populaire. Alors que nous fêterons nos 69 ans quand quelques jours.
Toutefois, sans idéaliser un âge d’or difficile à cerner, il faut bien acter qu’aujourd’hui, l’éducation populaire n’est plus portée vigoureusement par les grandes organisations sur les lieux de souffrance sociale. Elle se retrouve cependant de façon diffuse dans les pratiques et valeurs de divers acteurs de proximité, jeunes militants des quartiers, femmes immigrées très entreprenantes, travailleurs sociaux résistant à l’instrumentalisation, bénévoles associatifs n’attendant pas le grand soir pour grignoter des espaces de liberté, autant d’acteurs qui gagneraient à être valorisés par une reconnaissance de ces pratiques, de l’échelon local jusqu’au niveau européen. On peut miser sur les facilités de mise en réseau via le Net et sur la chute des murs idéologiques pour faire émerger ces forces vives…
Certains acteurs des médias contribuent à leur manière à revivifier l’éducation populaire en mettant en valeur des initiatives locales, en développant l’esprit critique dans la bonne humeur ou en se prêtant à la diffusion des connaissances sans condescendance ni culture au rabais.
L’ouverture sur les politiques européennes existe potentiellement via les regroupements européens des institutions issues du mouvement social (fédérations de parents, syndicats, mouvement mutualiste, tous héritiers potentiels de l’éducation populaire) et par la reconnaissance de l’éducation non formelle dans certains programmes européens (qui ne recouvrent pas pour autant la dimension combative de l’éducation populaire). La France a vocation à y jouer un rôle moteur en tant que fille aînée de… l’éducation populaire.

À l’heure de l’Internet, de l’éducation par informatique, et de l’influence entrepreneuriale sur l’école publique, du culte de la performance, et de la perte de terrain des valeurs humanistes, comment l’éducation populaire peut-elle encore trouver une place autre que dans quelques émissions radiophoniques ou quelques initiatives de terrain ?
On pourrait dire de façon provocatrice que l’éducation populaire a vocation à intégrer ces différentes menaces potentielles pour les dépasser et leur donner un sens d’utilité sociale. Au niveau informatique, les clubs- sets et le développement des logiciels libres sont des exemples de collaboration en réseau pour favoriser l’accès de la connaissance au plus grand nombre. L’ouverture de l’école à tous les acteurs de la société (et pas seulement les employeurs) est indispensable pour sortir de la seule confrontation à l’univers enseignant comme ouverture sur le monde adulte. La performance doit être recherchée, cultivée, mais au profit de la collectivité tout entière et sans se faire au détriment des moins favorisés !
Forgées dans le recours constant à l’histoire des mouvements sociaux, dans le travail indispensable sur la mémoire collective des classes laborieuses (excusez le gros mot), les valeurs de l’éducation populaire lui permettent de ne pas avoir à s’adapter, mais de constituer un recours permanent contre la volatilité des valeurs : étrangères aux dogmes idéologiques et aux évolutions sociétales, les valeurs de l’éducation populaire ne sont redevables qu’à la transmission des expériences collectives de luttes sociales, de conquête de libertés nouvelles, d’affranchissement des oppressions. Le seul devoir d’adaptation est celui de la transmission dans un monde saturé de sollicitations. Vaste et passionnant chantier ! Alors oui, continuons à façonner à une école pour tous avec tous les acteurs. Dans  quelques jours, nous inviterons l’ensemble des acteurs territoriaux à s’unir à nous. Car nous ne pouvons pas rester sur ses chiffres alarmants. Faute de remplaçants, au moins 6000 jours de cours perdus depuis la rentrée. Nous n’accablons personne. Mais il  est grand temps  de réagir !

Bruno BRISEBARRE

 

 

Catégorie: Activités du CDPE

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