Et après ?
Nous pensons tous à l’après attentats, à l’après dénouement tragique, à l’après 11 janvier.
On nous dit que la sécurité va être renforcée, que la Justice va s’adapter, que les moyens de nous protéger vont être mis en œuvre, tout en sachant que le risque zéro n’existe pas.
C’est ce que nos concitoyens attendent.
Nous, FCPE, nous attendons plus : si les crimes perpétrés sont odieux ; ce qui est terrible, c’est que ces assassins parlaient français, avec l’accent, la voix, les mots des jeunes que nous pourrions connaître.
Car ces assassins ont été des élèves.
Voilà ce qui nous fait nous sentir responsables, évidemment pas nous personnellement ; mais, nous ne sommes pas dédouanés de cette responsabilité.
Nous, c’est-à-dire les parents qui avons toujours une bonne raison de demander plus pour nos enfants, quitte à exclure ceux qui les empêchent d’avancer, qui nous replions sur nos propres intérêts, mais aussi les fonctionnaires d’un état défaillant, les professeurs d’une école qui ne sait plus faire du lien, nous tous qui avons laissé ces trois là et tant d’autres sur le bord du chemin des valeurs démocratiques, nous citoyens qui avons laissé l’individu l’emporter sur le collectif, nous qui ne faisons pas de politique ou raillons ceux qui en font : nous sommes responsables de cette situation.
Les 17 exécutés étaient nos frères, nous les pleurons comme tels.
Leurs assassins étaient orphelins ou rejetés, pupilles de la nation, enfants de notre pays.
Nos enfants ont donc tué nos frères. Tragédie.
Dans quelque culture que ce soit, cela provoque ce sentiment, trop rarement évoqué ces derniers jours : la honte.
Alors, disons notre honte. Honte et colère : voilà une situation psychologiquement bien plus inconfortable que chagrin et colère. Si on a du chagrin et de la colère, on peut accuser les autres. Mais, comment faire quand on a honte et qu’on est en colère contre les assassins, mais aussi contre soi.
Nous avons vu mourir des femmes et des hommes qui étaient des nôtres. Ceux qui les ont tués étaient enfants de France.
Alors, ouvrons les yeux sur la situation, pour comprendre comment on en arrive là, pour agir et construire une société laïque et cultivée, plus juste, plus libre, plus égale, plus fraternelle.
Cela ne suffira pas pour tout régler. Nous avons eu des périodes beaucoup plus violentes au quotidien dans notre histoire. C’est par la culture, la connaissance, le savoir que nous sommes sortis de l’obscurantisme.
Nous avons une responsabilité collective dans ces meurtres.
Nous sommes aussi les parents de trois assassins.
La FCPE du Val d’Oise exige de la communauté éducative, de l’état, du ministère de l’éducation nationale, de nos instances nationales, de tous les parents qu’ils se mobilisent pour apporter immédiatement des réponses éducatives à tous les élèves.
N’excluons pas ceux qui n’ont pas compris, ceux qui posent des questions, même dérangeantes avant qu’ils n’aillent trouver des réponses par eux-mêmes, et ne soient instrumentalisés par l’obscurantisme.
Ces réponses doivent être immédiates, nous ne pouvons plus attendre.
Les moyens manquent. Avant de les trouver, faisons avec ce que nous avons : le potentiel est grand, ouvrons les écoles aux lumières, d’où qu’elles viennent.
Sacrifions quelques heures de programmes pour une cause bien plus importante : le respect, la laïcité, la vie.
C’est une urgence. Pour ne plus jamais avoir honte.
Ce texte a été largement inspiré d’un texte de quatre enseignants de seine saint Denis.
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