Les devoirs à la maison
Les devoirs à la maison font l’objet de nombreux débats. Ceux-ci sont réglementés pourtant.
L’arrêté du 23 novembre 1956 aménage les horaires des écoles primaires et inscrit les devoirs pendant le temps scolaire. En application de l’arrêté, la circulaire du 23 novembre 1956 supprime sans équivoque les devoirs à la maison, retenant des arguments d’efficacité et de santé.
L’application de la circulaire n’est pas satisfaisante, plusieurs textes doivent rappeler l’interdiction : en 1962, 1964, 1971, 1986, 1990. La circulaire du 17 décembre 1964 ajoute même une précision et porte l’interdiction aux « écrits à exécuter hors de la classe », puisque certains enseignants interprètent les textes en déclarant ne pas donner des devoirs mais des exercices écrits.
Les études dirigées sont installées par la circulaire du 6 septembre 1994 pendant le temps scolaire, pour apporter une aide personnalisée et méthodologique à chaque élève afin « de prévenir les risques d’échec et de réduire les difficultés provenant des inégalités des situations familiales ». L’interdiction des devoirs à la maison demeure : « Dans ces conditions, les élèves n’ont pas de devoirs écrits en dehors du temps scolaire. A la sortie de l’école, le travail donné par les maîtres aux élèves se limite à un travail oral ou à des leçons à apprendre. »
Aujourd’hui, les devoirs à la maison restent interdits ; le travail oral et les leçons sont autorisés. Il est à noter qu’aucun texte ne demande aux enseignants de prescrire un travail aux élèves après la journée de classe.
Comme le précisait à la rentrée 2010, Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE : « Les élèves sont la seule catégorie de la population qui travaille sept jour sur sept. Pour nous, il ne faut plus de devoirs à la maison ou il faut les réduire au maximum … La semaine d’un élève ne doit pas dépasser 35 heures TTC, Tout Travail Compris ».
Philippe Meirieu, chercheur en sciences de l’éducation partage son analyse. « Il faut limiter les devoirs à la maison car la famille est un lieu d’inégalités. Tous les enfants n’ont pas accès à un ordinateur, une bibliothèque, ni même à une chambre à eux pour s’isoler », explique-t-il. Il ajoute « On confond trop souvent devoirs à la maison et travail personnel ».
Ce travail personnel peut prendre la forme d’exercices à faire, d’exposés à préparer, de dossiers à élaborer ou de recherches de documentation sur Internet pendant les heures de cours. A l’école, les élèves ne doivent pas être réduits au statut d’auditeur.»
Mais selon Philippe Meirieu, les programmes scolaires trop chargés et trop dispersés empêchent les professeurs de dégager du temps pour ce type de travaux sur leurs heures de cours.
Les leçons doivent être déjà vues en classe.
Les exercices de consolidation devaient être faits en classe dans la journée et non à la maison avec les parents qui n’ont pas toujours les compétences pour encadrer les enfants et pour expliquer correctement les notions abordées en classe.
Après une journée de travail ou une semaine de travail, les parents et les enfants doivent pouvoir se retrouver autrement que par l’intermédiaire des apprentissages scolaires. Ils doivent au contraire pouvoir passer du temps ensemble d’autant plus que les apprentissages peuvent aussi passer par des activités ludiques, sportives ou culturelles.
Les devoirs génèrent de la pression et du stress dans les familles au détriment d’un climat propice aux échanges où les enfants peuvent raconter leur journée, leurs joies ou leurs peines… Les parents ne sont pas des enseignants et sont aussi co-éducateurs.
La FCPE est défavorable à la « sous-traitance pédagogique » aux familles, qu’elle considère que les apprentissages doivent se faire en classe et non à travers des devoirs qui peuvent renvoyer l’échec d’un élèves à la responsabilité des familles et que les devoirs à la maison renforcent très fortement les inégalités culturelles et sociales
Ensuite, il faut plus dénoncer cette Ecole de la méritocratie dans laquelle chaque individu aurait, selon la loi du plus fort, les mêmes chances que son concurrent direct. Pourtant, tout renvoi d’un travail scolaire vers la sphère privée prend le risque d’une discrimination. Il ne s’agit pas de rendre étanche la frontière entre école et maison mais d’interdire de faire porter intégralement le travail d’apprentissage et l’éventuelle responsabilité de son échec sur des parents dont la situation peut attester de difficultés scolaires passées.
La FCPE s’oppose clairement aux devoirs à la maison dans le premier degré.
Pour le second degré, le travail ne doit pas consister en des exercices déjà travaillés en classe mais plutôt à mobiliser les connaissances apprises pour réaliser un travail individuel ou collectif.
Sylvie Fromentelle
Quelques pistes :
http://www.meirieu.com/CLASSEAUQUOTIDIEN/devoirsgrandserre.pdf
http://www.ac-lille.fr/ia59/bulletin_departemental/pdf/95_dossier.pdf
Catégorie: Non classé